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Alors que Soleris marchait dans le silence de la nuit, un murmure à proximité attira son intention. À quelques pas de lui, il aperçut ses parents en pleine discussion avec des membres du convoi. Les chuchotements étaient à peine audibles. Piqué par la curiosité, le jeune homme s’approcha furtivement et se cacha derrière un arbre afin de percer le secret de ces messes basses.
«Il est hors de question de continuer comme ça Jamath ! S’en est assez. Les vivres commencent à manquer et il est hors de question de mourir de faim pour un étranger. Il n’est pas des nôtres. exclama l’homme, sa voix emplie de colère.
— Nous comprenons que tu sois en colère et en deuil mais ne parle pas comme ça ! Il reste suffisamment de provisions pour atteindre Baupor si nous diminuons un peu les rations de chacun. Ajouta le mari de Ubrelle, d’un ton las.
— Il est un habitant de Précalm ! Il est arrivé dans des circonstances difficiles, mais il à été accueilli dans notre communauté. Il est hors de question qu’il soit traité comme un étranger. S’exclama Ubrelle.
— Vous ne comprenez pas ! Ma fille est morte de cette maladie que les elfes avaient apporté à Précalm. Vous ne pouvez pas savoir ce que c’est de perdre un enfant. Répliqua l’homme les yeux remplis de larmes.
Jamath, avec empathie, intervint :
— Il est injuste de le blâmer. Il n’est pas responsable des actions commises par d’autres. La maladie a touché de nombreuses familles au village. »
Soleris, dissimulé dans l'obscurité, ressentit un élan d'empathie profonde envers l'étranger dont ses parents et l'homme du convoi discutaient. Il se demandait comment on pouvait envisager de l'exclure du groupe en raison de circonstances sur lesquelles il n'avait aucune responsabilité. Cette idée lui semblait injuste et insensible.
Pourtant, en entendant l'histoire de la fille décédée il y a quelques années, Soleris éprouva un chagrin profond pour l'homme. Les souvenirs sombres d'une période funeste que le village avait connue refirent surface dans sa mémoire. Une épidémie meurtrière s'était abattue sur Précalm, causée par la visite de deux elfes voyageurs. Cette période avait été teintée de deuil et de désolation, un chapitre sombre que Soleris préférait ne pas raviver dans ses pensées. Mais de qui parlaient-ils lorsqu'ils évoquaient cet étranger ? Soleris était convaincu qu'aucune personne extérieure à Précalm ne faisait partie du convoi. La discussion continuait, et Soleris tendit l’oreille pour éclaircir le mystère autour de cet étranger.
« Vous avez également perdu votre femme à cause de la secheresse. Nous souffrons tous, mais nous devons rester solidaires et compatissants les uns envers les autres. Expliquait Ubrelle de façon compatissante.
— Je ne peux pas accepter cela. Ce garçon ne devrait pas être ici. Insista l’homme de manière inflexible.
— Nous devons trouver un moyen de vivre ensemble malgré nos peines. Nous sommes une communauté, et nous devons nous soutenir les uns les autres. Expliqua Jamath d’une voix apaisante.
Ubrelle s’exclama d’une voix indigné :
— Vous allez trop loin ! Soleris est notre fils, peu importe comment il est arrivé dans notre vie. Il fait partie de Précalm, et il a survécu aux mêmes épreuves que nous. Qu’il est été adopté ne fait aucune différence dans l’amour que nous lui portons.
— Si vous avez des inquiétudes, nous pouvons en discuter plus tard, de manière plus appropriée. Mais ne laissez pas vos préjugés vous aveugler. Soleris est notre fils, et il est le bienvenu ici. », conclut Jamath avant de se tourner pour partir en direction du camp.
L’homme, réticent, accepta d’un hochement de tête.
Après cette altercation, Ubrelle ressentit une indignation. Comment osait-on s'en prendre à Soleris, lui qui avait toujours été un membre du village ? Certes, il n'était pas le fruit biologique de l'union entre elle et Jamath, mais il symbolisait le lien profond qui les unissait. Il était le témoin vivant de leur amour, et il était inconcevable de permettre à quiconque de lui enlever cela. Ubrelle, forte de sa détermination, était prête à défendre Soleris contre vents et marées, résolue à protéger le précieux lien qui les unissaient elle, Soleris, et, Jamath.
Soleris, toujours caché derrière l'arbre, avait tout entendu. L'ampleur de la révélation l'avait frappé de stupeur. Comment cela pouvait-il être possible ? Pourquoi, pendant toutes ces années, son père et sa mère, enfin, ces étrangers qui l'avaient accueilli, avaient-ils pu lui dissimuler une telle vérité ? Tant de questions sans réponses tourmentaient son esprit.