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# 2. Vie paisible
Le jour se levait sur le village de [[Précalm]], entamant une nouvelle journée ensoleillée. Cette petite bourgade tranquille sonnait comme un havre de paix. Cétait un coin reculé, habité par de modestes paysans, mais le lieu respirait la bonne humeur et la bienveillance. Ici, tous le monde se connaissait. Il n'y avait ni de grand murs de pierres pour faire office de barricade, ni garde ou de milice. Pourquoi en avoir besoin ? Personne ne venait ici, mis à part les marchands ambulants qui allaient dune cité à une autre. Eux, ils aimaient bien faire halte pour la nuit à lunique auberge du village.
Comme tous les jours, peu à peu, le village prenait vie et on voyait sortir les habitants de leurs maisons pour s'atteler aux différents tâche qui leurs incombaient. Les mêmes gestes, les même routines.
[[Soleris]], un jeune garçon de quatorze ans vivait ici, avec ses parents : [[Ubrelle]] et [[Jamath]]. D'aussi loin qu'il se rappelait, il avait toujours connu ce village. Il était voisin avec [[Namisse]], jeune fille de trois mois son ainé et qui aimait bien le lui rappeler.
Après sêtre levé et rapidement débarbouillé, il enfila son [[écharpe de soie verte émeraude]], usée mais précieuse, quil portait presque tout le temps.
Cétait une relique de ses premières années, un tissu si familier quil semblait faire partie de lui.
[[Ubrelle]] la lui avait donnée quand il était petit, et même si elle ne disait jamais doù elle venait, il sy était attaché sans pouvoir lexpliquer.
Il descendit ensuite dun pas décidé, prêt à commencer sa journée.
"Bonjour maman ! Envoyait [[Soleris]] d'humeur joyeuse.
— «  Bonjour mon grand. Tu viens de rater ton père de quelques instant.
[[Ubrelle]], sa mère, se trouvait dans la cuisine. Elle s'attelait déjà à la cuisson du repas de midi. C'était une femme d'âge mûre au regard aimant. De fins traits dessinés son visage si doux quil était difficile dimaginer quelle avait traversé plus dépreuves quelle ne laissait paraître.
Il espérait pouvoir filer discrètement après le repas, mais à peine avait-il posé sa cuillère qu'[[Ubrelle]] linterpella, comme si elle lisait dans ses pensées.
« [[Soleris|Sol]] attend avant de partir. Jai un service à te demander. [[Soleris]], qui croyait pouvoir échapper facilement, se retourna. Le garçon savait quil ne pourrait rien changer. Il poussa un soupir théâtral, comme si on lui avait demandé de porter un fût de bière jusquà [[Baupor]].
— Mais maman, [[Namisse]] va encore râler si jarrive en retard… Il croisa les bras comme sil espérait quun miracle efface la requête.
— Il faudrait que tu apportes ça à Herbert, le boulanger. Elle tendit un petit paquet soigneusement emballé, noué par une ficelle. Cest son nouveau tablier que je viens de terminer. Il mavait demandé quelque chose de solide — je crois quil en sera content. »[[Soleris]] avala ses dernières bouchées, un peu frustré. Il espérait au moins que [[Namisse]] ne lattendrait pas trop longtemps. Il s'apprêtait à partir, quand il aperçut en contrebas, son père accroupi près de la grange, concentré sur un morceau de bois quil taillait avec soin. Avant de livrer le paquet, [[Soleris]] sapprocha de son père bien trop absorbé dans son travail pour remarquer son fils.
Le bois formait peu à peu la courbe dun arc miniature, orné de symboles que [[Soleris]] ne reconnaissait pas. Très curieux, il demanda
“Quest-ce que cest papa ? [[Jamath]] leva les yeux, surpris, comme sorti de ses pensées.
— Oh ça ? Rien de particulier Sol, je ne savais pas trop quoi faire de ce morceau de bois. Il retourna lobjet entre ses mains, puis le glissa dans la poche de son tablier, comme sil voulait en effacer la trace.
— Cest pour quelquun ? Demanda encore [[Soleris]]
— Personne mon garçon, juste un souvenir… Sans en dire plus, [[Jamath]] se releva et partit dun pas tranquille vers les champs.”
[[Soleris]] traversait [[Précalm]] et approchait de la place — lieu central du village où se mélangeaient enfants et anciens et toutes les discussions du jour. Les ragots naissaient ici, portés par les allers et venues des habitants.
À droite, il entendit un vieillard raconter, la voix tremblante mais souriante, un souvenir tendre de sa femme récemment disparue. Un peu plus loin, des enfants riaient et se couraient après, manquant de renverser un panier de légumes. Et là, près du puits, une vieille dame pestait à voix haute contre “ces gens” — ceux qui ne venaient pas dici — accusant leur passé “trouble” dattirer le mauvais oeil.
En se dirigeant vers la ruelle qui menait chez Herbert le boulanger, [[Soleris]] fût vite sorti de ses pensées. [[Leo|Leo]], un ami denfance, et frère de la meilleur amie de notre héros, surgit une épée en bois à la main.
— Tu crois aller où comme ça ! Sexclamait-il en agitant son arme dans tous les sens.
— [[Leo]], jai pas le temps ! Je dois vite aller ramener se paquet à Herbert, et ensuite, rejoindre [[Namisse]]. On jouera une autre fois, daccord ? Lança le je jeune homme dun air de compassion.
— [[Soleris|Sol]], tu mavais promis quaujourdhui tu tentrainerais avec moi ! Tu dois le faire. Cest dans linterêt du monde ! Si je ne deviens pas un jour un garde royal, ça sera le retour du maléfique [[Eldrith]].
— Arrête un peu de dire nimporte quoi. Aller fiche moi la paix jai pas le temps. Sur ces derniers mots, [[Soleris]] tourna le dos au jeune garçon, et se dirigea en direction de son objectif.[[Soleris]] arrive à la boulangerie, lodeur des pain chaud du matin et la chaleur du fours tournant à plein régime rendait lendroit très réconfortant. Il signifia sa présence dun raclement de forge pour Herbert, trop absorbé dans sa tâche pour le remarquer. Le boulanger se retourna, curieux. En voyant [[Soleris]], son regard changea et un sourire se dessina, la bouche presque trop grande pour se visage boursouflé.
 Bonjour Herbert. Maman ma donnait ça pour toi, elle la fini ce matin même. Le jeune homme tendit le paquet.
 Ho [[Ubrelle]]. Ella des doigts de fée. On raconte même quelle est née des étoiles — Sesclaffa lhomme, son rire sur-joué résonnant dans la boutique, attirant un regard amusé dune cliente près du comptoir. — Tu remerciera ta mère comme il se doit mon jeune ami. Et il donna à Soleris un pain encore chaud enveloppé dans un torchon.
Soleris sourit, le pain chauffant ses mains à travers le tissu. En sortant, il croisa le regard de la cliente, qui ajouta dun clin doeil : « Profite, petit, les matins comme ça cest précieux. ». Le jeune garçon ouvrit la porte et continua son chemin. Dehors, la place de [[Précalm]] baignait dans une lumière dorée, mais une brise sèche souleva un voile de poussière, faisant tousser un enfant qui jouait près du puits.