Soleris_Roman/roman.html

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<p>Dans le calme obscur de la nuit, une unique chaumière du village de
Univers étendue/Lieux/Précalm éclairée par la lueur douce dun feu
vacillant continuait à projeter ses ombres dansantes sur les murs usés
par le temps. Bien que lheure soit avancée, il ny avait nul festin ou
réjouissance en cours. Alors, quelles célébrations pouvaient bien animer
ce lieu ? Si lon scrutait attentivement la scène, on pouvait discerner
un petit couffin revêtu de soie verte, douillet abri pour un nourrisson.
Les parents, au cœur de la pièce, rayonnaient de bonheur, leurs chants
et leurs danses remplissant lair. </p>
<p>Au centre de cette scène de joie, se trouvait Soleris Daural, un bébé
qui, dans son couffin, emmitouflé dans son châle vert de soie, irradiait
dun bonheur contagieux. Les parents jubilaient, en une ronde
euphorique, tout autour du nouveau-né, tandis que les applaudissements
accompagnaient leur allégresse. La nuit sétendait devant eux, mais
aucune inquiétude ne perturba cette soirée particulière. Après tout,
cétait une occasion unique. Mais remontons quelques heures en arrière,
comment expliquer que des parents sans enfant fêtent larrivée de ce
nourrisson ?En cette belle après-midi dété, le village de Univers
étendue/Lieux/Précalm était en pleine effervescence. La rue principale
était animée, car cétait jour de marché, un événement exceptionnel qui
se produisait tous les trente jours lorsque la pleine lune brillait de
tout son éclat. Des marchands ambulants venus des quatre coins du
continent avaient investi la place, présentant leurs marchandises pour
séduire les habitants de Univers étendue/Lieux/Précalm et vider les
bourses de ceux-ci. </p>
<p>Ubrelle Daural était enchantée, elle pouvait enfin consacrer ses
économies dune année entière. Il y en avait pour tous les goûts, et
elle était émerveillée par la diversité des produits exposés. Des
vêtements venus des terres les plus lointaines côtoyaient des épices
dAsfar. Là, des sculptures elfiques ornaient les étals, et ici, de
largenterie naine dune qualité exceptionnelle étincelait sous le
soleil. Des stands de tout les horizons faisait office de décorations à
cette artère principal du village, qui, dordinaire était plus tôt
calme. </p>
<p>Après avoir scruté chaque merveille, ses yeux ronds se posèrent sur
des robes cousues à la main par les elfes dAlfur. Ces vêtement était
dune beauté exceptionnelle ! Après une maigre hésitation, elle dégaina
sa bourse, et lallégea de plusieurs pièces.De retour chez elle, elle
exposa joyeusement son achat à son mari. Celui-ci, ravi, la prit dans
ses bras, lenlaçant tendrement, et lobserva avec sérénité. Cependant,
il fut surpris de voir les yeux humides de larmes de sa bien-aimée,
comprenant immédiatement la source de sa tristesse. Ils avaient tenté à
maintes reprises davoir un enfant, sans succès. Le médecin avait évoqué
un problème de fertilité chez Ubrelle, concluant que la conception dun
enfant serait impossible pour eux. Ils avaient renoncé à lespoir après
des années de tentatives infructueuses. Ubrelle se détacha doucement de
Jamath, essuyant ses larmes. Son mari sapprêtait à la réconforter
verbalement, mais elle posa délicatement un doigt sur ses lèvres pour le
faire taire. </p>
<p>«Chut. Ne dis rien. Le plus important, cest que toi et moi, nous
nous aimons et sommes heureux»  Après ces mots, elle se retourna et se
plongea dans la cuisine pour préparer le dîner. Jamath savait que les
paroles dUbrelle ne reflétaient pas sa véritable douleur et quelle
souffrait davantage du manque dun enfant de lui.</p>
<p>Le dîner se déroula sans accroc, et la tristesse qui lavait envahie
sétait dissipée depuis quUbrelle avait décidé de préparer un dîner aux
chandelles. Après quelques baisers échangés avec sa belle, Jamath se
leva brusquement, tendant loreille pour percevoir un faible son
étouffé. </p>
<p>«Entends-tu ?» demanda-t-il. Ubrelle, à son tour, prêta loreille et
remarqua également le son.   </p>
<p>— En effet, maintenant que tu le dis, jentends comme un pleur…» </p>
<p>Elle se leva précipitamment et se dirigea vers la porte dentrée
quelle ouvrit. À ses pieds, elle découvrit un grand panier en osier. Le
bruit provenait de lintérieur, devenant de plus en plus distinct. Elle
retira délicatement le tissu de soie verte qui recouvrait le panier,
dévoilant une petite tête denfant toute rose. Émerveillée par cette
vue, elle se mit à verser des larmes. Cest à cet instant que Jamath
comprit que quelque chose dinhabituel sétait produit. Il sapprocha
dUbrelle et réalisa pourquoi sa femme pleurait. Ces deux âmes qui
avaient longtemps désiré un enfant, et qui sétaient heurtées à
dinnombrables échecs, se tenaient maintenant devant leur porte avec un
bébé abandonné sans pitié. Une rage monta en lui. Comment pouvait-on
laisser un être aussi fragile et impuissant exposé au danger ? Après
avoir examiné les environs de leur maison, il en conclut que cet enfant
avait bel et bien été abandonné ici, devant leur porte. Toutefois, une
question demeurait : pourquoi avait-on choisi leur maison pour y déposer
le bébé ?Le jour se levait sur le village de Univers
étendue/Lieux/Précalm, entamant une nouvelle journée ensoleillée. Cette
petite bourgade tranquille sonnait comme un havre de paix. Cétait un
coin reculé, habité par de modestes paysans, mais le lieu respirait la
bonne humeur et la bienveillance. Ici, tous le monde se connaissait. Il
ny avait ni de grand murs de pierres pour faire office de barricade, ni
garde ou de milice. Pourquoi en avoir besoin ? Personne ne venait ici,
mis à part les marchands ambulants qui allaient dune cité à une autre.
Eux, ils aimaient bien faire halte pour la nuit à lunique auberge du
village.</p>
<p>Comme tous les jours, peu à peu, le village prenait vie et on voyait
sortir peu à peu les habitants de leurs maisons pour satteler aux
différents tâche qui leurs incombaient. Les mêmes gestes, les même
routines.</p>
<p>Soleris, un jeune garçon de quatorze ans vivait ici, avec ses parents
: Ubrelle et Jamath. Daussi loin quil se rappelait, il avait toujours
connu ce village. Il était voisin avec Namisse, jeune fille de trois
mois son ainé et qui aimait bien le lui rappeler.</p>
<p>Après sêtre levé et rapidement débarbouillé, il enfila son écharpe
de soie verte émeraude, usée mais précieuse, quil portait presque tout
le temps.</p>
<p>Cétait une relique de ses premières années, un tissu si familier
quil semblait faire partie de lui.</p>
<p>Ubrelle la lui avait donnée quand il était petit, et même si elle ne
disait jamais doù elle venait, il sy était attaché sans pouvoir
lexpliquer.</p>
<p>Il descendit ensuite dun pas décidé, prêt à commencer sa
journée.</p>
<p>“Bonjour maman ! Envoyait Soleris dhumeur joyeuse.</p>
<p>— «  Bonjour mon grand. Tu viens de rater ton père de quelques
instant.</p>
<p>Ubrelle, sa mère, se trouvait dans la cuisine. Elle sattelait déjà à
la cuisson du repas de midi. Cétait une femme dâge mûre au regard
aimant. De fins traits dessinés son visage si doux quil était difficile
dimaginer quelle avait traversé plus dépreuves quelle ne laissait
paraître.Il sapprêtait à partir, quand il aperçut en contrebas, son
père accroupi près de la grange, concentré sur un morceau de bois quil
taillait avec soin. Avant de livrer le paquet, Soleris sapprocha de son
père bien trop absorbé dans son travail pour remarquer son fils.</p>
<p>Le bois formait peu à peu la courbe dun arc miniature, orné de
symboles que Soleris ne reconnaissait pas. Très curieux, il demanda</p>
<p>“Quest-ce que cest papa ? Jamath leva les yeux, surpris, comme
sorti de ses pensées.</p>
<p>— Oh ça ? Rien de particulier Sol, je ne savais pas trop quoi faire
de ce morceau de bois. Il retourna lobjet entre ses mains, puis le
glissa dans la poche de son tablier, comme sil voulait en effacer la
trace.</p>
<p>— Cest pour quelquun ? Demanda encore Soleris</p>
<p>— Personne mon garçon, juste un souvenir… Sans en dire plus, Jamath
se releva et partit dun pas tranquille vers les champs.” Soleris
traversait Précalm et approchait de la place — lieu central du village
où se mélangeaient enfants et anciens et toutes les discussions du jour.
Les ragots naissaient ici, portés par les allers et venues des
habitants.</p>
<p>À droite, il entendit un vieillard raconter, la voix tremblante mais
souriante, un souvenir tendre de sa femme récemment disparue. Un peu
plus loin, des enfants riaient et se couraient après, manquant de
renverser un panier de légumes. Et là, près du puits, une vieille dame
pestait à voix haute contre “ces gens” — ceux qui ne venaient pas dici
— accusant leur passé “trouble” dattirer le mauvais oeil.</p>
<p>Le village respirait la vie, et Soleris en était fier.</p>
<p>Soleris Daural, ce petit être qui fut joyeusement célébré lors de
cette nuit mémorable, avait parcouru un chemin depuis ces instants
initiaux de bonheur qui lavait vu naître. Le temps avait suivi son
cours, quatorze années sétaient écoulées, et Univers
étendue/Lieux/Précalm, ce village qui lavait vu grandir, demeurait en
dépit dune sécheresse tenace, un havre de paix. Cependant, la semaine
précédente, un tournant sétait dessiné lorsque des amis de la famille
avaient pris la décision de quitter Univers étendue/Lieux/Précalm pour
rejoindre la splendide cité de Baupor, la capitale et la plus grande
ville du continent. Ils étaient partis animés par la conviction quils y
trouveraient une vie meilleure, épargnée des soucis causés par la
sécheresse. </p>
<p>Pendant ce temps, Soleris, qui avait établi une complicité
particulière avec la fille de ses voisins, profitait de chaque instant
partagé avec elle. Leurs rires résonnaient à travers les journées
chaudes et ensoleillées, et leurs jeux emplissaient leurs après-midis
dune magie enfantine. Toutefois, Soleris percevait inéluctablement
lombre du changement planant sur son horizon. Ses parents navaient de
cesse de lui répéter la même rengaine : “On vit mieux en ville, là-bas,
la sécheresse ne fait pas loi.” Mais pour le jeune garçon, Univers
étendue/Lieux/Précalm était plus quune simple maison. Cétait un lieu
où il se sentait en harmonie avec la nature, un endroit où il rêvait de
voir la pluie succéder au soleil implacable. Ces espoirs réchauffaient
son cœur, espérant que la nature finirait par répondre à ses
prières.</p>
<p>Alors que le crépuscule commençait à étendre son manteau sombre sur
les environs, Soleris savait quil devait regagner sa maison. Le soleil
se couchait et laccusait déjà de retard, annonçant une réprimande
imminente. Il navait pas vu le temps sécouler, happé par ses
discussions animées avec Namisse, la fille des voisins. Le temps
semblait suspendre son vol à chaque instant passé en sa compagnie. Il se
sentait tellement à laise avec elle quil pouvait aisément passer des
heures à la contempler. Cependant, une voix familière le tirait de ses
pensées : </p>
<p>«Attends, tu as oublié ceci ! sexclama Namisse. Soleris, légèrement
étourdi par le charme de son amie, se repris en esquissant un léger
sourire. Il saisit le collier en forme de cristal quelle lui tendit et
laccrocha autour de son cou. Les yeux azur de Soleris fixèrent
intensément son amie. </p>
<p>— Tu ferais bien de rentrer au lieu de me regarder ainsi avec cet air
hébété ! lança-t-elle en éclatant de rire.</p>
<p>— Oh, euh, oui, pardon ! » bafouilla Soleris, puis séloigna en
courant, conscient quil était véritablement en retard cette fois-ci.Ce
soir-là, Soleris et ses parents partagèrent un repas encore plus maigre
que les précédents, au point quUbrelle céda son repas à son fils. Sen
était trop pour Jamath.</p>
<p>« Ubrelle, Sol, il faut que nous discutions. Nous avons déjà assez
souffert », affirma le père.</p>
<p>— Que veut-tu dire ? Nous savons tous que la situation à Univers
étendue/Lieux/Précalm devient de plus en plus difficile. Répondit
Ubrelle inquiète.</p>
<p>— Cest vrai. Les puits sont presque à sec, et la terre ne produit
plus rien. Nous avons survécu aussi longtemps que possible, mais il est
de plus en plus évident que les choses vont de pire en pire. Appuya
Soleris avec un soupçon dangoisse. Jamath regarda son fils dun air
déterminé et enchaîna.</p>
<p>— Exactement Soleris. Nous ne pouvons plus continuer à vivre dans ces
conditions. Je déteste lidée de quitter Univers étendue/Lieux/Précalm,
mais nous navons plus le choix. Beaucoup de nos amis sont partis pour
Baupor et ont trouvé une vie meilleure là-bas. Peut-être que cest notre
meilleure chance. Je sais que demain, un convoi de caravanes se prépare
à partir pour la cité portuaire. Nous les rejoindrons. Cest ainsi que
se termina cette rude journée et ce repas amère.La sécheresse implacable
avait scellé le destin du paisible village. Autrefois, Univers
étendue/Lieux/Précalm était un havre de verdure, un endroit où les
champs sétendaient à perte de vue, où les arbres offraient une ombre
bienvenue. Mais aujourdhui, le paysage avait changé de façon
spectaculaire. La sécheresse avait pris possession de ces terres
autrefois fertiles. Les terres agricoles étaient désormais des terres
fissurées, stériles et arides. Les rivières et les ruisseaux qui étaient
autrefois des sources de vie étaient maintenant des lits de terre
craquelée, et les puits de la région étaient presque vides. Les
habitants se battaient pour obtenir ne serait-ce quune goutte deau
potable, parcourant de longues distances pour sapprovisionner, tandis
que lodeur de la poussière envahissait lair. </p>
<p>La quête de nouvelles opportunités prospères à Baupor offrait la
seule lueur despoir. Le voyage sannonçait long et incertain, mais
lavenir réserve parfois des surprises imprévisibles, à la manière de la
lune argentée qui avait guidé Soleris dans son destin inattendu.</p>
<p>La décision de quitter Univers étendue/Lieux/Précalm avait désormais
été prise pour Jamath, Ubrelle et Soleris. Ils sétaient préparés,
rassemblant leurs maigres possessions, puis en disant au-revoir aux amis
qui restaient. Les adieux étaient empreints de tristesse, de promesses
de retrouvailles et de larmes retenues. Le village, autrefois une
communauté prospère, avait été terrassé par la sécheresse, laissant
derrière lui des champs stériles et des puits vides.</p>
<p>Soleris se tenait devant la porte de sa maison, ses parents à ses
côtés. Les caravanes de Univers étendue/Lieux/Précalm se préparaient
pour le long voyage vers Baupor, la cité portuaire tant vantée. Le jeune
homme pouvait sentir lexcitation mêlée à lappréhension qui régnait
parmi les villageois. Il était prêt à linconnu qui lattendait. Les
adieux furent déchirants. Les amis de la famille leur firent promettre
de se retrouver à Baupor dès quils le pourraient.</p>
<p>Le convoi se mit en marche, les caravanes se succédant sur le chemin
de terre poussiéreux. Soleris jeta un dernier regard, les yeux humides,
vers Univers étendue/Lieux/Précalm, son village natal. Alors quil
faisait ses premiers pas vers la merveilleuse et gigantesque cité
portuaire, il ignorait que cette aventure le conduirait vers des défis
et des découvertes inattendues. Un voile de mystère enveloppait son
avenir, mais il marchait vers linconnu, prêt à découvrir le destin qui
lattendait.Soleris se tenait à présent devant la porte familière de sa
maison. Aujourdhui, il allait tenter une manœuvre audacieuse, espérant
que le destin lui serait favorable. Avec précaution, il tourna la
poignée de la porte, veillant à ne faire aucun bruit qui pourrait trahir
sa présence. Jeta un bref coup dœil derrière lui, scrutant lobscurité
pour sassurer quaucun regard attentif ne lobservait.</p>
<p>À mesure quil avançait dans lobscurité, il découvrait le décor
familier de sa maison. Il aperçut ses parents affairés, dressant la
table pour le repas. Cependant, sa mère lavait déjà repéré malgré sa
tentative de discrétion. Dune voix ferme, elle réprimanda son fils
:</p>
<p>«Pas la peine, je sais que tu es là, Soleris. Avance, jeune homme,
nous devons avoir une discussion. Soleris tenta une défense maladroite,
tout en baissant la tête. </p>
<p>— Mais maman, je suis juste légèrement en retard. murmura-t-il.
Cependant, Ubrelle ne toléra aucune objection. </p>
<p>— Il ny a pas de mais ! Cette situation perdure depuis plusieurs
jours, tu rentres toujours bien après que la lune a atteint son zénith,
en dépit de nos interdictions. Il est temps de prendre des mesures
strictes, et ce sera ce soir ! »Comprenant quil ne dînerait pas ce
soir-là, Soleris quitta la pièce avec un pas lent et lourd. Il
seffondra sur son lit, laissant son regard errer vers les planches du
plafond, une mélancolie dans les yeux. Les souvenirs des après-midi
passés avec Namisse, son amie précieuse, affluaient dans sa mémoire. Il
savait que leur temps ensemble touchait à sa fin, car elle risquait de
partir pour Baupor à tout moment. Dans un effort désespéré de retenir
ces moments chéris, il revivait chaque détail de ces précieux moments
passés avec elle. Son regard se tourna finalement vers la fenêtre, où la
lune scintillait en haut du ciel, évoquant le moment où il devrait lui
dire au revoir, un moment qui le hantait sans relâche.La matinée se
déployait dans toute sa splendeur, baignant la contrée sous une lumière
dorée, alors que le soleil atteignait son apogée avec une intensité
croissante. Soleris, sétait une fois de plus éclipsé au cours de la
corvée matinale, au grand désarroi de son père. Un soupir dexaspération
séchappait des lèvres de ce dernier, qui ne savait plus comment réagir
face au comportement désinvolte de son fils.</p>
<p>Ubrelle, la mère attentionnée, venait à la rescousse, portant avec
elle une gourde deau rafraîchissante. Dans le reflet de ses yeux
empreints de douceur, elle décodait les tourments intérieurs de Soleris,
et pourtant, elle ne pouvait sempêcher de lui accorder son pardon.
Après tout, le soir même, Namisse, leur précieuse voisine et amie,
sapprêtait à partir pour la capitale tant convoitée. Ubrelle, soucieuse
de laisser à son fils ces précieux moments de liberté, préférait ne pas
durcir les règles en ce jour crucial.Soleris, dans une attente empreinte
dimpatience, se rendait sur le lieu de rendez-vous convenu avec
Namisse, qui lavait invité à se retrouver près de la source de la
rivière, à lombre du majestueux chêne. Le temps sétirait, et il
commençait à se demander ce que son amie avait bien pu lui réserver. Les
minutes sallongeaient, pesantes. Soudainement, des pas se faisaient
entendre, se rapprochant. Intrigué, il se retournait, et là, il
lapercevait : Namisse, la jeune fille aux courbes parfaites, se
dirigeait gracieusement vers lui.</p>
<p>Namisse sassit à ses côtés, repliant ses jambes près de son menton,
les entourant de ses bras élancés, finement dessinés. Son visage se
posait délicatement sur ses genoux, tandis quelle soupirait
profondément. Inquiet, Soleris brisa le silence en posant une question
chargée dinquiétude.</p>
<p>« Ça ne va pas, Namisse ? » demanda-t-il, son regard scrutant les
yeux humides de la jeune fille, qui laissèrent échapper quelques larmes.
La jeune fille tourna lentement la tête vers lui, et entre deux
sanglots, elle répondit, </p>
<p>— Tu sais, Soleris, je ne toublierai jamais ! Tu seras toujours une
personne spéciale pour moi. Le cœur du jeune homme se serra. </p>
<p>— Mais, mais que veux-tu dire ? Ne me dis pas que ce jour est arrivé
! Namisse acquiesça dun signe de tête. Le jour tant redouté où elle
finirait par partir pour Baupor était bel et bien arrivé. Tandis que ses
pleurs reprirent, Soleris la prit dans ses bras, réalisant que le moment
redouté était finalement arrivé. Namisse sapprêtait à quitter Univers
étendue/Lieux/Précalm pour la capitale, et Soleris allait ainsi perdre
sa meilleure amie.</p>
<p>— Promets-moi, oui, promets-moi que tu ne moublieras pas ! implora
Namisse , plongeant son regard dans les yeux de Soleris.</p>
<p>— Bien sûr que non ! Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée, et
tu tiens une place spéciale dans mon cœur, aussi précieuse que celle
dune sœur que je naurai jamais. lui murmura-t-il. Les deux amis
restèrent enlacés, le temps sembla suspendu à leur étreinte. Soudain, un
bruissement de feuilles attira leur attention. Soleris scruta lhorizon
et vit approcher Leo, le jeune frère de Namisse. Ce dernier rejoignit le
duo, sinstallant à leurs côtés. Il observa un moment le sol, puis se
décida enfin à parler.</p>
<p>— Tu sais, Sol, peut-être quon se retrouvera là-bas, si toi et tes
parents décidez de quitter cet endroit. Je nai jamais vraiment aimé
Univers étendue/Lieux/Précalm. Mon rêve a toujours été de vivre dans une
grande cité. Même si mon départ se fait dans la douleur, je suis quand
même un peu excité. Regarde ! Leo agita ses bras de manière théâtrale,
imitant les gestes dun chevalier en armure. </p>
<p>— Plus tard, je serai un garde royal ! »Soleris avait eu le privilège
de passer tout laprès-midi à jouer avec Namisse et son jeune frère.
Lors de cette journée mémorable, il était rentré à la maison plus tôt
que dhabitude, plongé dans un silence profond. Le moment du repas était
arrivé, mais Soleris, lui, navait pas vraiment dappétit. Il avait dû
dire au revoir à Namisse quelques heures plus tôt, et cette séparation
laissait un vide douloureux en lui. Voir les larmes couler le long des
joues de sa meilleure amie avait été une expérience déchirante.</p>
<p>Sa mère, attentive à son état desprit, tenta de le sortir de sa
torpeur. </p>
<p>« Sol ? Tu ne manges pas ? Soleris répondit dune voix morne : </p>
<p>— Je nai pas très faim, maman… Sa mère soupira doucement, comprenant
la tristesse de son fils. </p>
<p>— Oh, Sol ! Je sais que cest difficile pour toi, mais tu sais très
bien quavec la sécheresse qui sévit ici, il devient de plus en plus
compliqué de rester à Univers étendue/Lieux/Précalm. »</p>
<p>Après avoir entendu ces dernières paroles, le jeune homme se leva de
sa chaise et se dirigea vers sa chambre dun pas lourd, une mélancolie
profonde pesant sur ses épaules. Lintention des parents de Namisse de
déménager avait été comme un coup de poing dans lestomac, une décision
qui menaçait de lui enlever tout ce qui lui était cher. Pourquoi
devait-on lui arracher cela ? Namisse, cétait la seule personne à qui
il pouvait se confier, celle avec qui il partageait des moments de
réelle complicité, la seule qui le comprenait vraiment. Et maintenant,
tout cela était sur le point de disparaître, emporté par la décision de
quitter Univers étendue/Lieux/Précalm pour la ville.Allongé sur son lit,
il tenta de trouver du réconfort dans le sommeil, mais son esprit était
agité, son cœur lourd. Il narrivait pas à fermer les yeux, pas avec
tant de chagrin dans le cœur. Son regard se perdit dans la nuit, fixant
la lune qui trônait majestueusement dans le ciel étoilé. Combien de
temps cela faisait-il ? Une heure ? Deux heures ? Le temps semblait
sétirer indéfiniment. Il se redressa brusquement, incapable de trouver
le repos, toujours captivé par léclat argenté de la lune. </p>
<p>Dune manière étrange, il ne parvenait plus à détourner son regard de
ce lumineux astre. Son attention se porta sur la surface lunaire, et il
crut voir une forme émerger des ombres. Intrigué, il plissa les yeux,
cherchant à percer le mystère de cette vision céleste. Soudain,
linimaginable se produisit : une silhouette humaine se découpa
nettement dans le ciel, lévitant loin au-dessus de la terre. Le plus
incroyable, cétait que cette figure semblait le fixer, ses yeux
invisibles connectés aux siens. Le cœur de Soleris semballa, submergé
par un mélange démotions allant de la fascination à la peur. Incrédule,
il ferma les yeux et les frotta, persuadé que son esprit lui jouait des
tours. Mais quand il rouvrit les paupières, la silhouette avait disparu,
le laissant seul face à la lune silencieuse. Il se rallongea doucement,
troublé par ce quil venait de voir. </p>
<p>Son esprit était partagé entre la conviction que ce quil avait
observé était réel et le doute qui le poussait à croire que son
imagination lui avait joué des tours. Malgré cela, la fatigue finit par
lemporter, et il sendormit enfin, lesprit rempli de questions et de
mystère, laissant derrière lui la lueur argentée de la lune.Le lendemain
se leva, et avec lui, Soleris, bien avant que les premiers rayons du
soleil effleurent lhorizon. Pourtant, son humeur était encore plus
sombre que la nuit précédente. La séparation avec Namisse, tout cela
pesait sur lui comme un fardeau insurmontable. Lorsquil entra dans la
cuisine, son visage trahissait sa tristesse. Ses parents, remarquant
lexpression abattue de leur fils, échangèrent un regard inquiet avant
de décider de briser le silence.</p>
<p>« Sol ? Commença sa mère, inquiète. </p>
<p>— Tu sembles bien triste ce matin. Il soupira, puis, lentement, il
raconta la discussion quil avait eue avec Namisse, et les adieux faits
la veille. Ses parents écoutèrent attentivement, partageant sa douleur.
Son père, cherchant à alléger latmosphère, déclara : </p>
<p>— Eh bien, nous ne pouvons pas changer la situation, Soleris, mais
nous pouvons décider de passer une journée ensemble, tous les trois.
Peut-être que cela te remontera le moral. »</p>
<p>Soleris, malgré sa tristesse persistante, approuva dun signe de
tête. Il se tourna vers sa mère, cherchant un peu de réconfort. Elle
ouvrit ses bras, et Soleris sy blottit, se sentant protégé, même si le
chagrin restait tapi au fond de son cœur. Cétait une journée pour faire
face à la réalité, une journée pour se retrouver en famille et espérer
que demain apporterait un peu de lumière dans leur vie à Univers
étendue/Lieux/Précalm.</p>
<p>Soleris quitta silencieusement la cuisine et se dirigea vers la porte
dentrée. Dehors, lair semblait chargé de mélancolie, tout comme son
cœur. Ses parents étaient restés dans la cuisine, où ils discutaient à
voix basse de la sécheresse qui sévissait depuis si longtemps, des
réserves de nourriture qui samenuisaient dangereusement, et de la
production agricole qui avait presque disparu. Alors que Soleris
contemplait lhorizon, un sentiment dincertitude sinsinuait en lui. Il
savait que la situation à Univers étendue/Lieux/Précalm devenait de plus
en plus difficile à supporter. La tentation de partir pour Baupor, comme
lavaient fait ses amis, commençait à peser lourdement dans son esprit.
Toutefois, il gardait ses pensées pour lui, laissant le doute planer
quant à une éventuelle décision de départ qui semblait de plus en plus
probable.Soleris passa une journée en famille, cherchant un peu de
réconfort dans la présence de ses parents. Ils partagèrent des moments
calmes, discutèrent de sujets anodins et essayèrent de dissiper la
tristesse qui pesait sur le jeune homme. La journée se déroula sans
événements marquants, mais elle fut précieuse pour eux trois, leur
offrant un bref répit avant de faire face aux jours à venir.</p>
<p>Les journées suivantes sécoulèrent dans une tension palpable, et le
silence du crépuscule était perturbé par les murmures inquiets des
habitants de Univers étendue/Lieux/Précalm. Les puits sépuisaient
rapidement, et le sol devenait stérile, incapable de fournir la
nourriture si nécessaire à la survie de ce village autrefois paisible.
Soleris, avec ses parents, assista aux réunions communautaires, où les
villageois discutaient des mesures à prendre. Certains parlaient de
partir, de quitter Univers étendue/Lieux/Précalm, dans lespoir de
trouver de meilleures conditions de vie ailleurs. Lidée de rejoindre
Baupor, la cité tant vantée, gagnait en popularité. Les amis de Soleris,
partis il y a peu, y avaient trouvé refuge et sécurité, échappant ainsi
aux rigueurs de la sécheresse.</p>
<p>La décision de quitter Univers étendue/Lieux/Précalm se rapprochait
inexorablement et la famille de Soleris, tout comme de nombreux autres
villageois, se préparait à un voyage vers Baupor, laissant derrière eux
Univers étendue/Lieux/Précalm, un village désormais désolé, mais dont
les souvenirs perdureraient dans leur cœur.1. Pendant les 14 années
passées dans le paisible village de Précalm, Soleris a vécu une vie
simple et heureuse, partageant son temps entre les travaux des champs,
les amis et les soirées étoilées.</p>
<ol start="2" type="1">
<li><p>Le départ de Namisse, sa meilleure amie, a créé un vide profond
dans la vie de Soleris, laissant derrière elle une promesse damitié à
distance.</p></li>
<li><p>Une nuit, en contemplant la lune, Soleris a aperçu une silhouette
mystérieuse dans le ciel, suscitant sa curiosité et sa confusion quant à
son identité.</p></li>
<li><p>La famille de Soleris a pris la décision de quitter Précalm pour
la cité portuaire de Baupor en quête dune vie meilleure, échappant à la
sécheresse qui avait frappé leur village.Précalm, ce village de toute
une vie, séloignait progressivement, disparaissant peu à peu derrière
lhorizon. Soleris, le regard fixé sur les terres familières qui
sestompaient, était envahi par une vague de nostalgie. Il avait vécu
tant de choses ici. Cela faisait quatorze ans quil était là, sans
jamais avoir quitté ce lieu. Sa meilleure amie non plus navait jamais
franchi lau-dela des pré qui entouraient cette petite
bourgade.</p></li>
</ol>
<p>Il se souvint de la première fois où il avait rencontré Namisse. À
lépoque, il avait six ans, un petit garçon curieux aux grands yeux
étincelants. Ce jour-là, sa mère lui avait proposé de laccompagner au
marché mensuel de Précalm, un événement qui rassemblait des marchands
venant de tout le continent. Cétait une occasion dexplorer un monde
nouveau et de découvrir des merveilles exotiques.Émerveillé par le
spectacle chatoyant du marché, Soleris déambulait parmi les étals,
absorbé par les couleurs vives et les senteurs envoûtantes. Il était
surtout captivé par la diversité de ces produits venant dailleurs. Tant
de nouvelles expériences à portée de main lavaient fasciné. Son
éblouissement pour toutes ces choses lavait tellement distrait quil
navait pas remarqué la charrette qui se trouvait juste devant lui. Il
sétait heurté de plein fouet à la carriole, renversant un tas dobjets,
provoquant un éclat de rire parmi les spectateurs de la scène qui venait
de se passer, dont une jeune fille nommée Namisse. Le jeune garçon, les
joues rougies de honte, avait ressenti une pointe de vexation en se
relevant. Il sétait débarrassé de tout ce bazar en désordre sans un
mot, et en tournant le dos à cette jolie fille.</p>
<p>Ce premier contact avec Namisse, bien que marqué par une mésaventure,
avait créé le début dune amitié singulière et dune série de péripéties
inoubliables. Les rires partagés et les moments de complicité avec la
jeune fille avaient forgé des souvenirs qui étaient précieux à Soleris,
car ils incarnaient linnocence de sa jeunesse. Un temps qui commençait
à lui sembler révolu depuis le départ récent de son amie, et le sien à
présent.Au cours des cinq premiers jours de voyage, la vie de Soleris et
de sa famille avait pris un tout nouveau cap. Les paysages variés quils
avaient traversés avaient donné à leur voyage une dimension nouvelle,
les exposant à une beauté naturelle dont ils navaient jamais osé rêver.
Les vastes plaines sétendaient à perte de vue, leurs herbes
majestueuses à lhorizon. Les membres du convoi étaient devenus des
compagnons, partageant le même espace, les mêmes repas et les mêmes
nuits étoilées. Le voyage avait forgé des liens de camaraderies, chacun
contribuant à leffort collectif pour que le convoi avance sans
problèmes. Les rencontres sur la route avaient enrichi leur périple,
avec des histoires et des visages nouveaux à découvrir chaque jour.
Soleris, passionné, avait écouté les récits des anciens, apprenant ainsi
lart de la survie, et des astuces pour identifier des plantes
comestibles.</p>
<p>Pourtant le voyage nétait pas sans difficultés. Les routes
cahoteuses et les conditions météorologiques changeantes avaient posé
leur lot de défis. Soleris avait appris à apprécier les moments de calme
autour du feu de camp le soir, où les rires et les chansons cassaient la
routine des journées. La vie nomade sétait inscrit dans son quotidien,
avec le rituel de la caravane de tête dictant les heures de départ et
darrivée, les responsabilités partagées et le sentiment dappartenance
à une communauté voyageuse.</p>
<p>Depuis son départ, Soleris avait découvert que laventure était aussi
une leçon de patience. Chaque journée apportait son lot dincertitude,
démotions et denseignements. Alors quil se trouvait a mi-chemin vers
Baupor, il espérait que cette nouvelle vie les mèneraient, lui et ses
parents, vers des horizons meilleurs.Le soir du cinquième jour, la
fatigue était palpable parmi les membres du convoi après une journée
difficile. La journée avait été particulièrement éprouvante, avec des
chemins tortueux à traverser, des caprices météorologiques à endurer et
des problèmes mécaniques sur une caravane qui avaient demandé des heures
de réparation. Tous attendaient avec impatience le repas du soir,
espérant se ressourcer. La clarté dorée du crépuscule sestompait
progressivement laissant place à une nuit bien étoilée. Le camp était
baigné dans une atmosphère paisible, la lueur des feux vacillants
projetant des ombres douces sur les visages fatigués. Soleris, exténué,
avait décidé de se retirer plus tôt que dhabitude pour trouver le
sommeil.</p>
<p>Cependant, au milieu de la nuit, il avait été réveillé par un sommeil
agité. Il sétait glissé silencieusement hors de sa tente, désireux de
trouver un peu de réconfort dans la tranquillité de la nuit. Marchant à
pas feutrés, il sétait éloigné du campement, cherchant la solitude sous
les étoiles scintillantes comme des diamants. La nuit était très calme,
la lueur de la lune donnait une ambiance mystique à lobscurité
environnante et il pouvait entendre le murmure apaisant du vent sur les
feuilles. Tout était baigné dans une sérénité envoûtante.Alors que
Soleris marchait dans le silence de la nuit, un murmure à proximité
attira son intention. À quelques pas de lui, il aperçut ses parents en
pleine discussion avec des membres du convoi. Les chuchotements étaient
à peine audibles. Piqué par la curiosité, le jeune homme sapprocha
furtivement et se cacha derrière un arbre afin de percer le secret de
ces messes basses.</p>
<p>«Il est hors de question de continuer comme ça Jamath ! Sen est
assez. Les vivres commencent à manquer et il est hors de question de
mourir de faim pour un étranger. Il nest pas des nôtres. exclama
lhomme, sa voix emplie de colère.</p>
<p>— Nous comprenons que tu sois en colère et en deuil mais ne parle pas
comme ça ! Il reste suffisamment de provisions pour atteindre Baupor si
nous diminuons un peu les rations de chacun. Ajouta le mari de Ubrelle,
dun ton las.</p>
<p>— Il est un habitant de Précalm ! Il est arrivé dans des
circonstances difficiles, mais il à été accueilli dans notre communauté.
Il est hors de question quil soit traité comme un étranger. Sexclama
Ubrelle.</p>
<p>— Vous ne comprenez pas ! Ma fille est morte de cette maladie que les
elfes avaient apporté à Précalm. Vous ne pouvez pas savoir ce que cest
de perdre un enfant. Répliqua lhomme les yeux remplis de larmes.</p>
<p>Jamath, avec empathie, intervint :</p>
<p>— Il est injuste de le blâmer. Il nest pas responsable des actions
commises par dautres. La maladie a touché de nombreuses familles au
village. »</p>
<p>Soleris, dissimulé dans lobscurité, ressentit un élan dempathie
profonde envers létranger dont ses parents et lhomme du convoi
discutaient. Il se demandait comment on pouvait envisager de lexclure
du groupe en raison de circonstances sur lesquelles il navait aucune
responsabilité. Cette idée lui semblait injuste et insensible.</p>
<p>Pourtant, en entendant lhistoire de la fille décédée il y a quelques
années, Soleris éprouva un chagrin profond pour lhomme. Les souvenirs
sombres dune période funeste que le village avait connue refirent
surface dans sa mémoire. Une épidémie meurtrière sétait abattue sur
Précalm, causée par la visite de deux elfes voyageurs. Cette période
avait été teintée de deuil et de désolation, un chapitre sombre que
Soleris préférait ne pas raviver dans ses pensées. Mais de qui
parlaient-ils lorsquils évoquaient cet étranger ? Soleris était
convaincu quaucune personne extérieure à Précalm ne faisait partie du
convoi. La discussion continuait, et Soleris tendit loreille pour
éclaircir le mystère autour de cet étranger.</p>
<p>« Vous avez également perdu votre femme à cause de la secheresse.
Nous souffrons tous, mais nous devons rester solidaires et compatissants
les uns envers les autres. Expliquait Ubrelle de façon
compatissante.</p>
<p>— Je ne peux pas accepter cela. Ce garçon ne devrait pas être ici.
Insista lhomme de manière inflexible.</p>
<p>— Nous devons trouver un moyen de vivre ensemble malgré nos peines.
Nous sommes une communauté, et nous devons nous soutenir les uns les
autres. Expliqua Jamath dune voix apaisante.</p>
<p>Ubrelle sexclama dune voix indigné :</p>
<p>— Vous allez trop loin ! Soleris est notre fils, peu importe comment
il est arrivé dans notre vie. Il fait partie de Précalm, et il a survécu
aux mêmes épreuves que nous. Quil est été adopté ne fait aucune
différence dans lamour que nous lui portons.</p>
<p>— Si vous avez des inquiétudes, nous pouvons en discuter plus tard,
de manière plus appropriée. Mais ne laissez pas vos préjugés vous
aveugler. Soleris est notre fils, et il est le bienvenu ici. », conclut
Jamath avant de se tourner pour partir en direction du camp.</p>
<p>Lhomme, réticent, accepta dun hochement de tête.</p>
<p>Après cette altercation, Ubrelle ressentit une indignation. Comment
osait-on sen prendre à Soleris, lui qui avait toujours été un membre du
village ? Certes, il nétait pas le fruit biologique de lunion entre
elle et Jamath, mais il symbolisait le lien profond qui les unissait. Il
était le témoin vivant de leur amour, et il était inconcevable de
permettre à quiconque de lui enlever cela. Ubrelle, forte de sa
détermination, était prête à défendre Soleris contre vents et marées,
résolue à protéger le précieux lien qui les unissaient elle, Soleris,
et, Jamath.</p>
<p>Soleris, toujours caché derrière larbre, avait tout entendu.
Lampleur de la révélation lavait frappé de stupeur. Comment cela
pouvait-il être possible ? Pourquoi, pendant toutes ces années, son père
et sa mère, enfin, ces étrangers qui lavaient accueilli, avaient-ils pu
lui dissimuler une telle vérité ? Tant de questions sans réponses
tourmentaient son esprit.Les mots résonnaient dans sa tête, répétant la
dure réalité : Ubrelle et Jamath nétaient pas ses parents. Cette vérité
cruelle le submergeait, lui provoquant une douleur profonde. Se tenant
le crâne entre ses mains, les larmes coulant sur ses joues, le jeune
garçon prit la fuite, désorienté, sans savoir où aller.</p>
<p>Soleris, qui senfuyait à travers les bois, ne savait pas trop où
aller et courait sans regarder la direction quil prenait. Pris par une
tourmente émotionnelle, séchappait à travers la forêt dense, ses pas
rapides résonnant entre les arbres. Les feuilles bruissaient sous ses
pieds alors quil cherchait désespérément un refuge pour ses mots qui
hantaient encore son esprit. La confusion et la douleur tourbillonnaient
dans sa tête, chaque foulée le portant plus loin de la seule vie quil
avait connue.Alors que Jamath se lançait dans la nuit, une détermination
féroce lanimait. Ses pas résonnaient dans la forêt obscure, guidés par
linquiétude pour Soleris. Le halo de lumière émanant de la lanterne
quil portait fendait lobscurité, éclairant faiblement le chemin devant
lui.</p>
<p>Le cœur de Jamath battait avec force, chaque battement résonnant
comme une pulsation dangoisse. Il appelait le nom de Soleris à voix
haute, espérant une réponse, mais seul le silence dense de la forêt lui
répondait. Latmosphère était chargée de tension, chaque bruissement des
feuilles ou craquement de branche faisait naître une inquiétude
grandissante.</p>
<p>Des questions subsistaient dans son esprit. Pourquoi Soleris sétait
enfui ? Avait-il pu entendre cette discussion survenue auparavant ?
Avait-il était enlevé ? Lui était-il arrivé malheur ? Tant de
questionnement sans réponses lui peser sur les épaules.</p>
<p>La recherche de Jamath lemmena plus profondément dans la forêt, là
où lobscurité semblait engloutir tout espoir. Les ombres des arbres
projetaient des formes inquiétantes, amplifiant son sentiment de
préoccupation. Malgré la peur qui sinsinuait en lui, Jamath persévéra,
guidé par lamour paternel et le désir de retrouver Soleris sain et
sauf.Pendant ce temps, Ubrelle restait devant la tente, ancrée dans une
angoisse paralysante. Les secondes semblaient sétirer en une éternité,
et chaque bruit inconnu la faisait sursauter. Elle fixait le chemin par
lequel Jamath avait disparu, priant silencieusement pour que son fils
adoptif soit retrouvé sain et sauf.</p>
<p>Le destin de Soleris, plongé dans la nuit de la forêt, restait
incertain, son parcours entremêlant les détours de linconnu. La trame
de cette nuit sombre se tissait, laissant dans son sillage une tension
palpable et des destinées entrelacées. Jamath marchait le cœur serré et
la gorge nouée. Cela faisait déjà plus dune heure quil était là, à
errer dans les bois sombre à la recherche de son fils. Pourquoi était-il
partait comme ça dans la nuit ? Soudain, au loin, le pauvre père vit
Soleris allonger sur le sol. Il se mit à courir au plus vite à la
rencontre de son fils. Arrivait prêt de lui, il constata que son fils
était endormi, affalé comme une pierre. Délicatement, il se mit assis à
ses côtés et pris la tête de Sol sur ses jambes.</p>
<p>Le jeune homme était tellement épuisé que cela ne le réveilla pas.
Jamath hésitait à le sortir de son sommeil. Il avait cette question à
lui poser qui le tourmenter : pourquoi était-il parti ? Mais avoir son
fils contre lui lapaisait. Le silence de la forêt suspendait ce moment
dans le temps et il naurait gâcher cet instant pour rien au monde.</p>
<p>Soleris au bout de plusieurs longues minutes ouvrit peu à peu les
yeux. Il se rendu compte assez vite quil était contre des jambes quil
connaissait. Il reconnu son père, du moins ce quil croyait être. Il
était assis là, endormi, la tête du garçon sur ses jambes. Il se retira
assez vite, ce qui eut pour effet de sortir Jamath de son sommeil.</p>
<p>« Mon fils, tu te reveil enfin. Jamath neut le temps de finir sa
phrase que Soleris se retira sèchement, les sourcils froncé et le regard
fâché.</p>
<p>— Menteur ! Je ne suis pas ton fils ! Il ne pouvait se taire, comment
cet homme quil pensait connaître pouvait-il encore lappeler
«fils».</p>
<p>— Qu..Quoi ? Quest-ce quil y a ? Cest moi, ton père. Sétonna
Jamath.</p>
<p>— Je te lai dis ! Tu nest pas mon père ! Vous mavez menti, trahis.
Criait Soleris, les larmes coulant sur ses joues.</p>
<p>— Mais quest-ce que tu racontes ? Tes sûre que ça va ? Répliquait
son père, tout en se relevant timidement et faisant un pas vers le
garçon.</p>
<p>— Je vous ai entendu hier soir ! Vous mavez trouver, ou même
peut-être enlever ! Jai tout entendu et je ne suis pas votre fils.
Hurlait le jeune homme tout en faisait plusieurs pas en arrière, la tête
dans les mains.</p>
<p>— Sol… Mon garçon. On ne savait jamais comment abordé ce sujet avec
toi. On ne te pas enlever, crois moi. Ta mère et moi, on na jamais pu
avoir denfant, et cétait notre plus grand rêves. On a passer
dinnombrable soirée à pleurer et prié pour la venue dun bébé. Puis un
jour, miraculeusement, tu es apparût, au pas de notre porte. Comment
aurions-dû réagir ? Te laisser à ton sort ? On ta accueili comme la
chair de notre chair, comme le fruit de notre amour. Tu es notre fils,
et on taime comme tel !»</p>
<p>Jamath sapprocha de Soleris qui était tétaniser. Il le pris dans ses
bras et le serra contre son torse. Il voulait que le garçon ressente
lamour éternel quavait son père à cet instant. Cependant, létreinte
ramena le jeune homme à la raison. Puis dans un élan de colère, il se
débattu. Il lui était impossible actuellement daccepter quelconque
câlin de la part dun homme qui lui avait menti toute sa vie. Son père
surpris, trébucha en arrière et tomba la tête en première sur le sol et
heurta une pierre. Le brouhaha cessa et toute la forêt redevins calme
dun coup.</p>
<p>Une tâche rouge commença à se dessiner sur le sol à lendroit même ou
la pierre avait taper le crâne de Jamath. Soleris effrayé ne savait
comment réagir. Lavait-il tué ? Il ne voulait pas une telle chose !
Rongé par les remords, il ne savait pas comment agir. Son père était là,
inconscient, comme mort. Pris de panique, le garçon senfuit laissant
derrière lui son paternelle à un destin incertain.Après cette
douloureuse rencontre, le jeune garçon déambulait dans les bois depuis
des heures, sans vraiment savoir où aller. Son seul objectif était
simplement de marcher. Fuir ce bois, fuir ses parents, ces inconnus.
Mais pou aller où ? Il ne le savait pas, il voulait simplement marcher
et arrêter de penser et le reste, il aviserait plus tard.</p>
<p>Soleris arrivait à la fin des bois, épuisé. Il avait marché toute la
nuit et une bonne partie de la matinée. Sentant son corps lourd, et
étant affamé, le jeune homme ne pensait qua une chose: un bon repas
chaud et un lit aussi doux que de la soie. Malgré ses envies, aucune
maison a lhorizon où pouvoir demander lasile.</p>
<p>Épuisé, il se posa prêt dun vieille arbre pour sy mettre à lombre
et se reposer un peu. Le jeune homme repensa à ce quil sétait produit
il y a de cela quelques heures à peine. Il avait fait du mal à son père.
Certes, il ressentait de la rancoeur pour lui avoir menti, mais jamais
il naurait souhaiter malheur à Jamath. Quallait penser sa mère, du
moins cette femme qui la élevé. Soleris se secoua la tête. Il ne devait
pas inverser les rôles et se croire méchant. Après tout ce nétait pas
lui qui avait menti, quatorze années durant.</p>
<p>Sentant la fatigue arriver, il sallongea un peu afin de prendre
quelques minutes de répit. Bientôt, ces paupières se misent à
salourdir. Puis dun coup, dun seul, le jeune homme sendorma
rapidement et paisiblement. Il navait plus à se soucier de rien.
Seulement, à se reposer.Jamath se réveilla la tête encore embrûmer.
Combien de temps était til allonger ici par terre ? Une heure ? Deux
heures ? Plusieurs ? Il nen avait pas la moindre idée. Une chose était
sûre, cest quil sen été écoulé. Il navait aucun souvenir claire de
ce quil sétait passé, seul trôner encore dans son esprit le moment où
il avait retrouver son fils.</p>
<p>«Tu nes pas mon père et tu ne la jamais été ! Vous mavez menti
pendant quatorze années !!»</p>
<p>Ses mots là résonnaient encore dans sa tête. Il avait fauté. Lui et
Ubrelle navait jamais réveler à leur fils, leur Sol, quil nétait pas
leur enfant biologique. Il sen voulait énormément. Mais il fallait
retourner au camp. Retourner au-prêt de sa chère femme. Retourner lui
raconter: Soleris sétait enfui, le coeur lourd et plein de rancoeur.
Eux qui avait tant souffert de ne pas avoir denfants, la vie leur avait
fait un cadeau inimaginable et leur égoïsme leur avait tout fait perdre.
Malgré la tristesse qui lenvahissait, il le savait, il devait assumer
la conséquence de son silence.</p>
<p>Jamath se releva péniblement, et se mis en route à la recherche du
camp. Combien de temps devrait-il marcher ? Est-ce que cétait loin ? Il
ne le savait pas, mais il le sen doutait, son retour serait
difficile.Le soleil commencer à être haut dans le ciel, la chaleur qui
envahissait les plaines dAgasur commencer à se faire sentir. Un vieil
homme se tirait péniblement sur le sentier aider de sa canne. Il
revenait de Haut-Chateau, un village voisin qui surplombé la vallée.
Perdu dans ses pensée en se rappelant de la bonne affaire quil venait
davoir. Il avait réussi à vendre son veau le plus robuste pour une
bonne sacoche de pièces ! Grâce à ça, il savait que lui et sa femme
pourraient manger sans soucis au moins jusquà la prochaine grande
lune.</p>
<p>Pendant quil revenait, lhomme apperçu au loin une drôle de forme
sous un vieil arbre. Pensant dabord quil sagissait dun animal mort,
le vieillard dapprocha pour satisfaire sa curiosité. Arrivait non loin,
il fut stupéfait de sappercevoir que ce nétait pas une charogne, mais
un jeune homme. Il était là, affalé contre le tronc, endormi. Il
sapprocha du jeune garçon et tenta de le réveiller.</p>
<p>«Hé ! Réveil toi mon garçon !»</p>
<p>Il tenta de le secouer à plusieurs reprises, mais en vain. Il
sabaissa péniblement afin de vérifier si lenfant respirait encore. Par
chance, cétait le cas. Le vieillard donna a Soleris, assoupi, quelques
coups de canne sur les jambes afin de provoquer une réaction.Shalvonne,
en voyant le foulard vert de soie qui entourait le cou de du jeune homme
fût surprise.</p>
<p>«Où as-tu trouvé ce foulard Soleris ?</p>
<p>— Je ne lai pas trouvé. Je lai toujours eu avec moi. Sétonna le
jeune homme.</p>
<p>— Cest étrange. Comment as-tu peut obtenir ce tissu ? Je reconnais
bien là, les mains prodigieuses des elfes de lOuest. De tout le
continent, il ny a pas meilleur couturiers. Ce châle viens des bois
enchantés dAlfur, jen mettrais ma main à couper ! Ne pu sempêcher de
radôter la grand-mère.»</p>
<p>Sous ces mots, le jeune garçon fronça les sourcils. Comment était-il
possible ? Du plus lointain souvenirs quil avait en tête, il avait
toujours eu cette petite écharpe de soie verte émeraude. Ses vraies
parents étaient-ils des Elfes ? Cela voudrait dire que Soleris en était
lui aussi ? Mais pourquoi navait-il pas les oreilles pointues alors. En
tout cas, il fallait éclaircir le mystère de ce châle. Aucun doutes
possible, il devait se rendre dans la forêt dAlfur.Soleris marchait à
travers la forêt peu accueillante. Les arbres se tordaient dans tous les
sens et les branches feuillus formaient un épais rideau de nuit. Sans
lanterne pour séclairer, le jeune homme marchait en sorientant à la
seul lueur que la lune arrivait à fournir à travers les feuilles. Des
bruits inquiétant résonnaient tout autour de lui. Sagissait-il de
gobelin ? Ou de fées siffleuse ? Soleris avait tellement entendu
dhistoires effrayante au sujet des créatures qui peuplaient ce bois
millénaire, quil en frissonnait.</p>
<p>Il se rappela de cette fois où un voyageur sétait arrêter à Précalm.
Il avait raconter cette histoire au sujet de sa rencontre avec les fées
siffleuse.Soleris ouvrit la porte de la chambre. Une pièce comme ça, il
en avait rêver tellement souvent depuis sa fuite. La chambre nétait pas
tant luxueuse, cétait une salle assez banal pour une auberge. Un lit
était disposer au centre du mur, entre deux petits chevet de bois foncé.
Un vieux lustre de bougie illuminait le tout. Une armoire tellement
vieille, quelle avait sûrement connu La Guerre des Frondes dArgent,
était disposait là, dans un coin de la chambre. Des tapis en peau de
brebis était posés de chaque côté la couchette.</p>
<p>«Cette chambre et parfaite Valaën ! Sexclama Soleris, le sourire
jusquau oreilles.</p>
<p>—Je trouve aussi, hahaha. Lelfe ne pouvait sempêcher de sesclaffer
devant loptimisme radieux de son ami.»</p>
<p>Il nen fallait pas plus pour les deux camarades qui se laissaient
tomber dans le matelas douillet. Une nuit parfaite les attendaient
Soleris fût réveiller par le soleil du matin qui traversait la fenêtre
et venait se poser directement sur son visage. Le garçon se leva
péniblement de son lit. Il avait rêvé dune nuit comme celle-ci depuis
tellement de jours que cétait presque un supplice de sen retirer !
Après quelques rapides coups de têtes, il sappercut assez vite que
Valaën était absent de la chambre. Ou avait bien pu aller son ami ?
Probablement au marché chercher quelques emplettes, rien de grave
esperait-il.</p>
<p>Après sêtre vite débarbouiller dans la bassine deau, notre jeune
garçon décida de partir à la rencontre de son ami.Les deux géante portes
de pierre souvrèrent pour laisser se découvrir la majesteuse cité
antique Naine. Le spectacle était grandiose. Une fois que les mécanismes
douverture eut terminer leurs fracas, la vue qui se laissa découvrir à
Soleris fût magique.</p>
<p>Là, devant lui, trônait une statue dune trentaine de mètres !
Simposant face à lui, la représentation du roi des rois, le Nain à
lorigine de cette magnifique cité : Grilmyl. Le gigantesque édifice
était posé sur un socle recouvert entièrement dor massif. De chaque
côté on pouvait y voir des fontaines magnifique doù jaillissait de lau
cristalline. Cétait de là que partait toute les avenues principales
dUlfarin, la cité des Nains.</p>